Entretien avec Laurent Pineau, 61 ans directeur
général adjoint du conseil départemental de
Vendée.
Où êtes-vous né et où habitez-vous ?
Je suis né dans une ferme à La Flocellière. J’ai
pratiquement tout le temps été en Vendée, sauf pour mes études. Après j’ai
habité à
Chantonnay, Les Herbiers et aujourd’hui à
Saint-Laurent-sur-Sèvre.
J’habite même rue du Général-Sapineau, un des
généraux qui s’est illustré pendant les Guerres de Vendée… J’ai épousé une
Vendéenne, de Saint-Malo-du-Bois. Je suis un pur produit vendéen.
Comment avez-vous vu évoluer l’identité vendéenne
?
Elle n’est pas figée. Le piège quand on parle
d’identité, c’est d’en faire quelque chose de fermé, d’immuable. Au contraire,
l’identité vendéenne est tournée vers l’extérieur, c’est une identité ouverte,
on le voit avec les entreprises. Bien sûr, il y a des points d’ancrage, mais la
Vendée s’enrichit d’un apport de population qui va être très fort, de l’ordre
de 240 000 personnes d’ici à 2040.
Quelles sont, selon vous, les caractéristiques
méconnues de l’identité vendéennes ?
Pour moi la grande caractéristique, c’est le
dynamisme. C’est difficile à appréhender de l’extérieur mais c’est ce que je
trouve formidable, les Vendéens sont des gens qui vont de l’avant. On connaît
les grandes entreprises familiales mais ça se retrouve à tous les niveaux. Je
suis impressionné par ces jeunes Vendéens qui se lancent, qui n’ont pas peur.
Ça se retrouve aussi dans le bénévolat, je pense
notamment à Jo Cesbron (fondateur des Foulées du Gois, décédé en 2017, NDLR),
des gens qui ont pris des initiatives, tout ça avec une forme de simplicité et d’humilité.
C’est souvent méconnu à l’extérieur.
Vous qui êtes un homme de communication qu’est-ce
qui symbolise la Vendée ?
Pour moi, c’est le symbole du double cœur. On
aurait pu faire comme tout le monde : symboliser la mer avec du bleu d’un côté
et la terre, avec du vert de l’autre mais le symbole de la Vendée, c’est le
rouge et le blanc. Le rouge, c’est le dynamisme, la volonté d’aller de l’avant
et le blanc, moi, j’y vois la notion de pureté de l’environnement. Et puis le double
cœur c’est aussi la revendication d’une identité qui existe depuis le XIII^e siècle, qui a traversé le temps. On peut
avoir des racines et être ouvert au monde, ce n’est pas un symbole fermé.
D’abord on a une histoire un peu à part. Il ne
faut pas focaliser sur une période, la richesse du patrimoine le montre même si
les guerres de Vendée, bien sûr, ont été une période très spécifique.
Je crois qu’il y a aussi un terroir. Je l’ai vu
dans mon métier qui me fait sillonner la Vendée de long en large. Dans ma
région natale du haut bocage, quand on voit les collines de Pouzauges,
Saint-Mars-la-Réorthe, c’est superbe. L’autre image d’Épinal pour moi, c’est le
Gois, un beau symbole, du littoral relié au bocage. C’est un
endroit magique. Je me souviens d’y être allé pour des repérages pour le Tour
de France. Quand on voit le matin les oies bernaches sur la route, c’est unique
! Il y a la Guittière, à Talmont, l’île d’Yeu et le dernier endroit, ce sont
les deux marais, poitevin et breton. Et puis bien sûr
la dimension économique.
Quand on parle d’identité régionale, c’est souvent
à travers des clichés, du folklore, est-ce qu’il y a des clichés sur la Vendée
qui vous agacent ?
Je crois que les gens de ma génération, on a tous
été un peu agacés de l’époque des années 1970-1980 où on disait les Vendéens, ventres-à-choux,
ruraux. Ce qui était énervant c’est que ça ne correspondait pas à la réalité.
Comme on n’a pas de grands centres urbains, c’est plus difficile d’identifier
la Vendée alors qu’on identifie plus facilement Nantes, Bordeaux, Lille… Mais
les choses ont énormément évolué, du fait du dynamisme économique et puis de
beaux symboles, de belles réussites, comme le Puy du Fou, le Vendée Globe qui ont
fait beaucoup pour l’image de la Vendée.
Diriez-vous que vous êtes fier d’être vendéen ?
Si j’étais un homme de communication, je dirais
que c’est ma vie (/il sourit/). Personnelle et professionnelle. J’habite en
Vendée, je passe mes vacances à l’île d’Yeu, je suis fier du caractère de ce
département que je considère un peu différent des autres. Et aujourd’hui, la
Vendée est un département d’avenir. Lors de la réflexion Vendée 2040, lancée par
le conseil départemental, un des experts disait que les gens veulent travailler
sur leur lieu de vacances. Pas seulement pour ça, mais la Vendée est un
département d’avenir, parce qu’on n’est pas loin des grands centres, qu’on a un
cadre de vie, une mentalité qui correspond à ce que sont les attentes de
beaucoup de gens aujourd’hui. Une forme d’authenticité. Je suis fier aussi
quand je vois dans les grandes surfaces des rayons avec des produits qui
affichent le double cœur de la Vendée. Il y a environ 1 000 entreprises
vendéennes qui, dans leur nom, ont associé soit le mot Vendée soit le logo du
double cœur. Je ne connais pas d’équivalent ailleurs.
Et la dernière notion qui me fait vibrer, c’est
quand on a des grands événements, comme le Tour de France et qu’on voit des
drapeaux vendéens. Il y a la même chose avec les drapeaux bretons, mais la
Bretagne est une région. Quand on est sur le Vendée Globe ou lors de la finale
de la Coupe de France de football au Stade de France (en
mai 2018, NDRL) et qu’on voit des gens de toutes les générations avec des
drapeaux, c’est aussi une identité qui rassemble. Quand on connaît son environnement,
son patrimoine, on a envie de le partager.
Entretien paru dans Ouest-France 11/08/2020
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